Fonds Jean Matifas, résistant, déporté
Statut juridique Archives privées Communicabilité L'ensemble du fonds est librement communicable. Biographie ou histoire Jean Matifas est né le 18 juin 1925 à La Rochelle, de père Louis Matifas et de mère Georgette Denieul. Louis Matifas était conducteur d'automobiles. Il était membre du Parti communiste français. Le grand-père paternel de Jean Matifas, Eugène Matifas, né à Paris vers 1850, est ouvrier couvreur. Il fut franc-tireur en 1870 pendant le siège de Paris par les Prussiens. Son grand-père maternel, Jean-Baptiste Denieul, né en 1853, était tailleur de pierres et un fervent Dreyfusard. Il fait sa scolarité à La Rochelle et optient son certificat d'études primaires et son certificat d'aptitude professionnelle. Jean Matifas se marie à La Rochelle le 4 octobre 1947 avec Eliane Le Soliec avec laquelle il a cinq enfants. Il a exercé l'essentielle de sa vie professionnelle à la Caisse des recouvrements des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales. Jean Matifas est décédé à La Rochelle le 5 août 2012. Son parcours de résistant et sa déportation En janvier 1943, sur proposition d'Emile Tixier, un camarade d'atelier de la Société aéronautique de l'Atlantique de La Rochelle, il s'engage dans la Résistance auprès des Jeunesses communistes. Il n'a que 17 ans. Peu après, il entre dans les Francs-Tireurs Partisan Français et plus particulièrement dans le détachement Liberté, région Sud-Ouest sous le matricule 503. Il est nommé membre du triangle de la direction départementale, puis chef-adjoint en mai 1943. Il est arrêté le 5 octobre 1943 à La Rochelle après les combats de Saint-Maurice par Rousselet, commissaire à la brigade de police spéciale de Poitiers (SAP). La section spéciale de justice de la cour d'appel de Poitiers le condamne le 27 novembre 1943 à cinq ans de réclusion. Il est transféré de la maison d'arrêt de Niort (Deux-Sèvres) à la prison centrale d'Eysses à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) le 18 décembre 1943. Dès son arrivée à la centrale, il adhère immédiatement aux jeunesses communistes, puis s'engage dans les rangs du bataillon clandestin de la centrale et participe, comme agent de liaison de l'état-major, aux combats des 19 et 20 février 1944 en vue de rejoindre les maquis de la région. Malheureusement, c'est un échec. Il y a un tué et douze fusillés. Suite à ces évènements, lui, et 1200 de ses compagnons du bataillon sont transférés au camp de Compiègne par les SS de la division Dasreich le 30 mai 1944 (trois jours pénibles en wagons en bois). Ils sont ensuite déportés à Dachau le 18 juin 1944 (le jour de ses 19 ans). Le voyage est encore plus dur (120 personnes par wagons, trois jours et deux nuits sans ravitaillement, sans eau et peu d'air). Grâce à la discipline et à la solidarité interne des Eyssois, il n'y aura qu'un seul mort. A Dachau, avec le soutien du parti communiste Allemand clandestin, les Eyssois et Jean Matifas sous la direction de Victor Michaut, Roger Linet (pour les communistes) et le général Delestran, Louis Terrenoire, Edmond Michelet (pour l'Armée secrète) participent à l'organisation clandestine du camp. Le 29 avril 1945, à 17 heures, Jean Matifas est libéré par l'armée Américaine. Le camp de Dachau passe sous l'autorité du Comité international. Jean Matifas participe alors à l'arrestation des SS français, camouflés dans le camp et les convoie jusqu'à Lörrach le 28 mai 1944 pour les livrer à la Police militaire française. Rapatrié à La Rochelle le 6 juin 1945, il reçoit, le matin même, sa première carte du Parti communiste. L'après-midi, il devient permanent de l'Association nationale des Amis des Francs-tireurs partisans (ANAFTP). Elle prendra le nom d'ANAFTP-FFI, puis d'Association des anciens combattants de la Résistance (ANACR). La même année, il participe à la création de la section départementale de Charente-Maritime de la Fédération nationale des internés, résistants, déportés et patriotes (FNDIRP), puis de celle de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC). A la fin de la guerre, Jean Matifas obtient le grade de sous-lieutenant le 14 mars 1947. Il est ensuite élu membre du Comité fédéral du Parti communiste français. En août 1945, il participe à la fondation de l'Amicale des anciens détenus de la centrale d'Eysses dont il est élu membre du comité directeur, puis vice-président national et enfin président de la section Limoges Centre-Ouest. Jean Matifas est également vice-président de l'Amicale des anciens de Kempten-Kottern. Il est élu membre du comité national de la FNDIRP. Il est nommé par l'inspecteur d'Académie membre du jury du concours national de la Résistance et de la déportation et nommé par le préfet membre du conseil départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Il est par ailleurs vice-président de l'Union départementale des anciens combattants, vice-président de la Fédération de la Résistance. Il est distingué de la médaille de Combattant volontaire de la Résistance (18 janvier 1962), de la croix de chevalier de la Légion d'Honneur (9 novembre 1983), de la croix de guerre avec palme, puis officier de la Légion d'Honneur (7 novembre 1990) et élevé au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur le 2 mai 2003. Témoignage de Jean Matifas sur ses activités dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale " En septembre 1943, à la suite d'une demande de notre direction générale des Francs-tireurs et Partisans de Bordeaux, pour envisager un sabotage afin d'entraver la maintenance de la base sous-marine de la Kriegmarine allemande de la Pallice - nous réunîmes notre triangle de Direction départementale chez Madame Auger (où logeait Émile Tixier) chef du détachement, pour préparer cette opération. Enquêtes et renseignements pris, une seconde réunion fut convoquée pour dresser un plan de sabotage du transformateur d'électricité qui, lui aussi, était fortifié, mais en dehors de la base et à l'abri des bombardements. Une première partie de l'exécution nécessitait de se procurer des explosifs. Il fut décidé de contacter des amis carriers, républicains espagnols réfugiés à Saint-Agnant-les-Marais. Notre chef, Émile Tixier s'en chargea et me demanda de l'accompagner dans cette visite, pour ne pas être seul à connaître notre source d'alimentation en munitions. Nous partîmes de La Rochelle de bonne heure par car vers Châtelaillon, Saint-Laurent-de-la-Prée, Rochefort et le pont transbordeur de Martrou, puis arrêt à Saint-Agnant, notre terminus. Dans la fraîcheur matinale, nous longeâmes le canal de Marennes (rive droite) sur environ 1 kilomètre et prîmes en biais, un chemin blanc qui nous menait au logis des Espagnols. L'un d'eux nous conduisit à la ferme Saint-Martin, où était réfugié le prisonnier de guerre évadé… Une planque idéale, un mur longeant un grand bois, percé d'une grille portail, ouverte sur une longue et vaste cour limitée par la maison sur la droite, au fond, des bâtiments : étable, hangar, etc., à gauche la forêt. Le tout d'un abord si calme, si rassurant et accueillant que, plus de soixante ans après, j'en conserve encore l'image mais aussi l'accueil des propriétaires, mais encore et surtout cela, le repas de midi auquel ils nous invitèrent. En ces temps de restrictions, nous mourrions de faim, ce fut un vrai festin. En arrivant, notre camarade carrier tira la cloche. Immédiatement un chien berger sortit des bâtiments en aboyant, puis un grand monsieur de forte stature, moustache à la gauloise vint nous ouvrir, ne semblant nullement surpris quand il vit notre guide. Une fois la grille refermée, il appela d'une voix forte " Gilbert… Gilbert ". Un grand gaillard botté, veste de chasse côtelée et casquette, sortit du bois. Il semblait connaître notre guide. Ce dernier nous présenta : " Voici les amis qui ont promis le carte d'identité ". Emile (Mimile) lui tendit une vraie fausse carte au nom de Maurice Dubois. Gilbert saisit rapidement cette carte et la serra bien fort. D'un seul coup, son visage se détendit. " Merci, oh merci beaucoup, combien vous dois-je ? " " Rien " répondit Mimile. " Merci encore, dit Gilbert Nous nous reverrons bien un jour ". Puis, on se serra la main et il repartit, disparaissant dans les bois. Le soir, nous repartîmes bien chargés de cartouches de dynamite et aussi bonne aubaine, d'un sac de patates. A la station de la gare de Rochefort, un homme de petite taille, au teint basané, coiffé d'un béret basque nous rejoignit sur notre banquette et nous serra la main. Mimile lui dit : " Nous avons le matériel ". Je ne l'avais jamais vu et ne devais jamais le revoir. J'appris après la libération qu'il s'agissait de Paul Manauthon, l'interrégional qui, trois semaines plus tard, le 30 septembre 1943 devait tomber au combat de Saint-Maurice, avenue Guitton à La Rochelle. De retour à la ville, nous nous séparâmes et je rentrai à la maison, tout heureux avec mon demi sac de pommes de terre et le ventre bien rempli. Pendant cinq mois, nous opérâmes de multiples sabotages à La Rochelle, mais aussi dans le département : - attaques des officines collaboratrices et allemandes - ruptures de lignes téléphoniques et voies ferrées - dépôts de carburant et matériels ferroviaires - siège de la LVF de La Rochelle. L'énumération de tous ces faits de résistance serait trop longue. Le 30 septembre 1943, alors que le triangle régional se réunissait avenue Guitton, les policiers français et allemands encerclèrent le pâté de maison. Des coups de feu éclatèrent. Paul Manauthon, le chef régional fut tué (ainsi que je l'ai déjà mentionné) mais aussi un policier allemand et un policier français. Émile Tixier, blessé, parvint à s'enfuir, mais fut rattrapé deux heures plus tard. Il sera fusillé à Biard (Vienne) C'est à la suite de ces évènements que je fus arrêté et déporté. Malgré les interrogatoires subis, rien ne fut révélé, ni sur les carriers de Saint-Agnant, ni le secret de la ferme Saint-Martin. Les gens de la ferme et le prisonnier évadé ne furent nullement inquiétés. Ce n'est que longtemps après la guerre (peut-être vingt ans) que je finis par prendre le temps de retrouver la ferme et les gens qui l'habitaient. Après quelques recherches et pas mal de réticences, j'ai en effet rencontré Monsieur et Madame Cannaud la fille des fermiers Madame et Monsieur Bonin (maintenant décédés) mais dont les enfants m'ont fait connaître le prisonnier de guerre qui était en relation avec eux et qui revenait chaque année à la Toussaint. Il s'appelait Gilbert Sorignet et habite en Alsace avec sa femme ". Conditions d'utilisation Reproduction libre. Présentation du contenu Le fonds comprend essentiellement huit parties. Il s'agit de documents relatifs à ses papiers personnels (252 J 1-15), de ses activités professionnelles (252 J 16-19), de ses activités dans la Résistance, son internement politique à Niort et Eysses et sa déportation à Dachau (252 J 20-38), de documents liés à la Seconde Guerre mondiale (252 J 39-145), de ses activités au sein d'associations liées à la Seconde Guerre mondiale (252 J 146-225), de dossiers sur les nécrologies d'anciens combattants, résistants et déportés (252 J 226), de commémorations et de cérémonies liées à des évènements de la Seconde Guerre mondiale (252 J 227-245), de ses activités politiques au sein du Parti communiste français (252 J 246-322), d'enregistrements audio et vidéo sur la Résistance, la déportation et le PCF (252 J 323-416), de ses ouvrages de bibliothèque liés à la Seconde Guerre mondiale (252 J 417-511), de papiers relatifs aux familles Matifas, Le Solliec et Pairault (252 J 512-522) et d'autres documents (252 J 523).
- EHRI
- Archief
- fr-006155-252_j_1_523
- Recherche détaillée
- Matifas, Jean (1925-2012 ; résistant, déporté ; La Rochelle)
- Guerre 1939-1945
Bij bronnen vindt u soms teksten met termen die we tegenwoordig niet meer zouden gebruiken, omdat ze als kwetsend of uitsluitend worden ervaren.Lees meer